Après une première présentation au salon de l’aviation Général AERO Friedrichshafen en 2017, l’entreprise EAC (Electric Aircraft Concept) située à Caromb – Vaucluse, exposait à nouveau son 2-places aéronef Whisper lors du salon France Air EXPO Lyon 2019. Il s’agit d’un concept innovant d’aéronef multirotor électrique qui répond parfaitement aux tendances actuelles de développement de la catégorie des eVTOL (electric Vertical Take-Off and Landing aircraft – aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux). L’appareil dispose de huit rotors, dont la puissance est coordonnée par un système électronique.

Le rédacteur Reinhard Finke devant l’eVTOL Whisper de EAC
Il est équipé également de huit moteurs. Ces moteurs de 30 kilo tournent avec une puissance nominale de 12 Kw. Le refroidissement se fait uniquement par air, sans système auxiliaire. Chaque moteur est alimenté par une batterie indépendante. Les batteries sont scindées en quatre de façon à garder 75% de la puissance disponible pour le vol, en cas de défaillance d’un élément.
A noter aussi qu’en cas de panne d’un des 8 moteurs, le vol peut être poursuivi avec 7 moteurs. Le Whisper peut même encore voler avec six moteurs, si les deux moteurs défaillants ne se trouvent pas du même côté de l’appareil. L’aéronef est également équipé d’un parachute pour un éventuel atterrissage d’urgence, ce qui est néanmoins peu probable. En effet, étant équipés de systèmes redondants comme les contrôleurs de vol ainsi que de batteries indépendantes, cela garanti un maximum de sécurité est assuré. Un dispositif complémentaire d’airbags est également à l’étude.
Pour le rechargement des batteries, EAC dispose sur son site de bornes de rechargement rapide. Pour la clientèle, l’entreprise envisage la mise à disposition d’un pack de batteries à puissance légèrement supérieure qui sera chargé en mode lent. Une fois chargé, ce pack transfère ensuite l’énergie dans les batteries du Whisper en une heure.
Si le modèle exposé au salon France Air Expo Lyon 2019 est toujours celui de la première version du Whisper, l’équipe de l’EAC, composé de huit personnes, travaille actuellement sur le prototype de la version 2. La V2 sera équipée d’hélices plus longues et moins bruyantes : 1m60 contre 1m20 pour le premier prototype. De plus, les quatre bras latéraux vont se replier. La nouvelle version du Whisper sera 10% plus haute, plus large et plus longue, avec un train un peu plus haut.
L’autorisation de vol a été accordée par la DGAC (Direction générale de l’Aviation civile). EAC va finir les essais en vol avec le nouveau prototype aux bras plus longs, au mois de juillet 2019. Le futur châssis, le train et la tête des rotors de la nouvelle version seront entièrement en fibre carbone, afin de réduire la masse de l’appareil. Après les modifications techniques et les tests en vol, l’appareil sera équipé de tous les éléments électroniques. Yves Pearcy, directeur d’EAC, espère pouvoir faire les présentations officielles en vol du nouveau model en avril 2020. La production devrait démarrer fin 2020.
Au départ, EAC vise une clientèle privée. Yves Pearcy compte sur une autorisation CNSK (Certificat de navigabilité spécial d’aéronefs en kit) délivrée par la DGAC, pour la production en France, dès 2020.
Parallèlement, des négociations sont en cours afin d’obtenir la certification de l’EASA (European Aviation Safety Agency – Agence européenne de la sécurité aérienne), qui est responsable pour la catégorie des eVTOL. Une certification EASA contient 2 catégories d’aéronefs : la catégorie basic pour les vols privés et la catégorie enhanced (améliorée) pour les taxis aériens, le transport public et l’exploitation au-dessus des zones à forte densité de population. EAC vise d’abord l’autorisation CNSK et l’autorisation pour la catégorie eVTOL de base. Dans un deuxième temps, la certification enhanced est également envisagée, sur un modèle à cinq places, équipé d’un moteur électrique alimenté par de l’hydrogène.
Les réglementations en matière de vol diffèrent d’un pays à l’autre. Ainsi, en France, les atterrissages d’aéronefs en dehors des aérodromes sont autorisés mais soumis à des conditions. Ils sont interdits près des agglomérations et à proximité des habitations. Un minimum de 150 mètres de distance par rapport aux habitations doit être respecté, elle peut être inférieure s’il n’y a pas de réclamation. Dans cette optique, Yves Pearcy souligne l’intérêt du Whisper, dont les moteurs électriques sont très silencieux, contrairement à un hélicoptère équipé d’un moteur à combustion. L’allongement des pâles sur la V2 contribue également à la diminution des nuisances sonores, car les hélices tournent moins vite. La signature sonore se caractérise par une nette diminution acoustique par rapport à un hélicoptère classique.
Voilà un bel aéronef du 21ème siècle, susceptible de voler sans beaucoup de nuisances sonores et sans émission de CO2.
Reinhard Finke