AERO 2016

Le rédacteur à côté du biréacteur Legacy 450 Embraer
Toute la diversité de l’Aviation générale est présente à Friedrichshafen pendant l’AERO, du 20 au 23 avril 2016 – Secteurs spéciaux : e-flight-expo, Espace motorisation, Boulevard de l’avionique et AERO-Drones RPAS EXPO – La formation et le recrutement des jeunes pilotes en vedette – Des avions électriques de plus en plus innovants

Model Sandra Janjanin dans le cockpit du Kodiak Quest Aircraft
Innovations, premières, nouveautés : Du 20 au 23 avril, 606 entreprises du monde entier étaient présentes à l’AERO, le Salon international de l’aviation générale, à Friedrichshafen. Le nombre de visiteurs est en progression : 30.800 contre 29700 en 2014. Une gamme très large d’aérodyne était proposée dans le cadre de ce salon : planeurs d’autrefois, avions mono ou multi-moteurs à piston, hélicoptères, autogires, appareils à turbopropulseur et turbofan. D’autres produits ont complété cette offre : drones, moteurs et avionique dernier cri, accessoires, services et cours de pilotage. Les secteurs spéciaux e-flight-expo, Boulevard de l’avionique (« Avionics Avenue »), Espace motorisation (« Engine Area ») et AERODrones RPAS EXPO se sont présentés, cette année, avec de nouveaux contenus. Avec le slogan « Deviens pilote » (Be a pilot), AERO fait revivre le rêve d’Icare et devrait contribuer à inciter les jeunes à choisir une carrière de pilote.
Klaus Wellmann, le commissaire du salon, et Roland Bosch, le chef de projet, ont décidé de miser sur l’apport de nouvelles impulsions : « Un salon tourné vers les professionnels, comme c’est le cas pour l’AERO, doit aussi mettre en valeur la fascination qu’exerce le fait de s’élever et de voler dans les airs », souligne Roland Bosch. L’équipe organisatrice a par conséquent décidé de mettre l’accent sur le recrutement des jeunes pilotes. C’est la raison pour laquelle l’entrée au salon est désormais gratuite pour tous les jeunes de moins de 16 ans.
Avions à moteurs
La réactualisation des appareils classiques mono ou multi-moteurs à pistons est au centre des efforts des grands constructeurs. La baisse importante du prix de l’essence, due à la chute du prix de pétrole, rend l’avion à nouveau moins cher. Autre conséquence : la formation de pilotes privés sur monomoteur, ainsi que la formation au vol sur multimoteurs, redevient abordable.
Un nouveau règlement adopté par l’Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a lui aussi des conséquences. Ces dispositions prévoient des assouplissements pour l’obtention du permis de vol aux instruments en Europe. Un rôle de plus en plus grand est aussi joué par les monomoteurs de la classe dite « Écho », qui, à l’instar des U.L.M., sont équipés d’un parachute de secours. Cirrus Aircraft, présent à AERO, est le pionnier de ce système de sécurité. D’autres constructeurs, comme Flight Design, avec son C4, ou Pipistrel, avec son Panthera, équipent désormais leurs nouveaux appareils d’un parachute de secours de série. Pour le reste, les monomoteurs et bimoteurs classiques des constructeurs américains, européens, chinois et australiens sont eux aussi tous présents sur les bords du lac de Constance.
Ultralégers
La gamme des ultralégers est en ascendance. Outre les avions à moteur jusqu’à 472 kg de poids au décollage, elle comprend des planeurs, des autogires et des hélicoptères. Ce secteur enregistre le taux d’innovation le plus élevé de tous les secteurs de l’aviation. Ceci s’explique par le fait qu’ils sont les moins chers à faire voler, tant du point de vue de la formation au pilotage que de leur coût de fonctionnement. Plusieurs nouveaux appareils d’un poids de 120 kg sont présentés cette année à Friedrichshafen. Il s’agit de monoplaces à moteur particulièrement bon marché à l’achat et à l’entretien, et qui ne requièrent pas de certificat d’aptitude médicale.
Une catégorie de poids au-dessus, on trouve les avions de type LSA (Light Sport Aircraft), homologués séparément pour les États-Unis et pour l’Europe. Si beaucoup de modèles sont des réactualisations par des constructeurs ayant pignon sur rue, d’autres sont dévoilés pour la première fois au public. L’Allemagne affiche elle aussi ses nouveautés, dont le B600 du constructeur nordiste Breezer Aircraft, auquel l’Agence européenne de sécurité aérienne a décerné l’homologation LSA européen quelques semaines avant le début d’AERO.
Les autogires décollent
Parmi les giravions, on compte les autogires, des ultralégers qui demeurent très appréciés en raison de leurs très faibles besoins de place pour le décollage et l’atterrissage, de leur capacité à voler très lentement et des possibilités d’utilisation presque aussi vastes que les hélicoptères légers, avec cet avantage d’être beaucoup moins chers à l’achat et au fonctionnement. Les tout derniers modèles sont au rendez-vous, en versions à cockpit ouvert ou fermé, monoplace ou biplace côte à côte ou tandem.
Aviation d’affaires
Dans la catégorie des avions à réaction on trouve également des nouveautés. Appareil innovant et original, le Honda Jet porte ses réacteurs sur ses ailes et est désormais titulaire d’une

Honda Jet
autorisation d’exploitation définitive. Un des premiers exemplaires de série est présenté à l’AERO. Un autre avion d’affaires entièrement nouveau est le monoréacteur Vision SF50 de Cirrus Aircraft, dont une maquette est exposée à Friedrichshafen. Dès qu’il aura obtenu son autorisation d’exploitation, attendue prochainement, cet appareil sera le premier avion d’affaires à réaction du monde à être équipé de série d’un parachute de secours. Le constructeur brésilien Embraer Executive Jets présente quant à lui en première son biréacteur Legacy 450 (voir Photo en début d’article). De nombreux autres avions d’affaires à réaction sont également exposés par des constructeurs européens, d’Amérique du Nord ou d’Amérique du Sud.
Parmi les appareils présentés dans le secteur de l’aviation d’affaires, on remarquera des avions mono ou multi-moteurs à piston, ainsi que d’autres à turbopropulseur. Les constructeurs d’appareils à mono-turbopropulseur, qui sont moins gourmands en carburant – Pilatus avec son PC -12, Daher avec son TBM 900, Cessna avec son Caravan, Quest avec son Kodiak ou encore Piper avec son M500 – ont été parmi ceux qui ont réalisé les meilleures ventes en 2015. Et la demande devrait encore grimper dans un avenir proche, puisque l’EASA envisage d’autoriser le vol aux instruments pour ce type d’appareils exploités de manière commerciale en Europe, ce qui est interdit actuellement.
Planeurs d’autrefois
Dans le domaine du vol à voile sont exposés plusieurs appareils du « Vintage Glider Clubs », dont le côté nostalgique contraste avec l’allure moderne des « super-orchidées », ces planeurs haute performance sortis pour la plupart d’ateliers allemands ou européens.
e-flight-expo
e‑flight-expo, qui en est à sa huitième édition, est consacrée aux motorisations alternatives, sous la devise « Électrique, Écologique, Évolutif ». Les ultralégers, les motoplaneurs et les giravions à propulsion électrique y tiendront le haut du pavé. Plusieurs appareils très innovants sont les vedettes de l’édition 2016. Le plus original est certainement le « Volocopter »,

Volocopter
dévoilé pour la première fois au public d’AERO, il y a deux ans. Cet aéronef biplace à 18 rotors, a depuis effectué plusieurs vols sans pilote. Les essais avec pilote à bord sont prévus pour bientôt. Le groupe Siemens présente deux appareils, équipés de nouveaux moteurs électriques haute performance sortis de ses propres ateliers
Hypstair est un projet européen innovant de moteurs hybrides. C’est

Pipistrel, Typ Hypstair, Model Sandra Janjanin
un nouveau concept dans l’aéronautique permettant d’augmenter le rayon d’action des avions à moteur électrique, avec les avantages d’être silencieux et de protéger l’environnement.
La grande surprise prévue pour e-flight-expo devrait être la présentation de la maquette d’un bimoteur hybride électrique.
AERODrones RPAS EXPO
Associée à la Fédération Aéronefs sans pilote « UAV Dach », AERODrones RPAS EXPO met en lumière le dynamisme du secteur des drones civils. Ces aéronefs pilotés à distance (Remotely Piloted Aircraft Systems, RPAS) prennent une place de plus en plus grande au sein de l’Aviation générale. Des modèles dotés de systèmes de mesure et de capteurs ultramodernes sont exposés.
Espace motorisation (Engine Area)
Logé dans le hall 5, l’Espace motorisation est consacré aux moteurs aéronautiques – à pistons, à turbines ou hybrides – et aux accessoires proposés par les constructeurs les plus divers. Des réacteurs modernes y sont exposés, qui se distinguent soit par leur sobriété, par leur légèreté, par leur faible niveau sonore ou par les trois à la fois. Cette année, le « Boulevard de la motorisation » (Engine Area) est placé sous le signe du moteur électrique. Un nombre croissant de ces moteurs, qui ne font pratiquement aucun bruit, sont mis au point spécialement pour les avions, pour les autogires et même pour les hélicoptères.
Boulevard de l’avionique (Avionics Avenue)
AERO concentre sur son « Boulevard de l’avionique » les nouveautés et les équipements les plus récents dans le domaine du pilotage, de la navigation, de la prévention des collisions et de la gestion de vol pour avions et hélicoptères. L’assouplissement des conditions d’accès à la formation au vol aux instruments, décidé récemment par l’EASA, va doper la demande dans ce secteur. De même, l’expiration prochaine, le 31 décembre 2017, du délai prévu pour le passage au pas de 8,33 kHz des équipements radio utilisés par les avions et les hélicoptères naviguant à vue, exerce un effet stimulant sur le chiffre d’affaires des fabricants d’avionique.
Centre de compétences Aviation et Pilotes
Les pilotes ne sont pas les seules cibles du Centre de compétences Aviation et Pilotes (Aviation and Pilots Competence Center). Celui-ci s’adresse aussi à toutes les personnes intéressées par la navigation aérienne et désireuses d’apprendre à piloter. On y trouve des informations émanant des écoles d’aviation, leur programme, ainsi que des points d’accueil mis en place par diverses administrations et organisations professionnelles. Sous le slogan « Deviens pilote » (Be a Pilot), le Centre propose en outre aux visiteurs d’AERO des informations sur les formations au pilotage les moins onéreuses, notamment sur ULM, sur le vol à voile à partir de 14 ans ou encore sur la nouvelle catégorie “hélicoptères ultralégers” qui va probablement être créée en Allemagne.
Le programme de conférences
Cette année, le programme de conférences d’AERO comprend plus de 100 interventions, conférences et ateliers sur l’actualité de l’aviation. Ces séances d’information et de débat réunissent des experts issus des associations de pilotes, des pouvoirs publics, des fédérations de constructeurs ainsi que des organisations représentatives des intérêts de l’aviation générale, qui échangeront ainsi leurs points de vue sur l’environnement politique et la situation actuelle de l’aéronautique ainsi que sur les améliorations envisageables. La Confédération des aéronefs sans pilote y joue un rôle de plus en plus important.
Pour finir, quelques curiosités…
… comme ce Cessna 172, transformé en turbopropulseur (expérimental)
ou encore l’avion amphibie Aerovolga LA-8
Pour d’autres informations, consulter le site http://www.aero-expo.com.
Article rédigé en français sur la base des communiqués de presse de l’AERO 2016, complété par les observations et photos du rédacteur
Reinhard Finke – VdN